Perspective
30/01/2019
Aux yeux des aficionados d'immobilier de prestige, le pouvoir de séduction de la France, Paris en tête, reste intact. Les chiffres de la dizaine de réseaux présents dans le haut de gamme tricolore montrent que ce segment du luxe ne connaît pas la crise. « En 2018, le marché de l'immobilier de luxe français a joué pleinement son rôle de valeur refuge pour des acquéreurs nationaux comme internationaux », s'est réjoui Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France & Monaco lors de son bilan annuel.
Les mouvements sociaux des gilets jaunes n'ont eu, pour l'heure, qu'un impact limité. « Les manifestations des gilets jaunes, pourtant fortement médiatisées à l'international, observe Féau, n'ont, semble-t-il pas trop impressionné nos acquéreurs étrangers ». Le réseau cite une vente dans le XVIe arrondissement conclue en plein week-end des gilets jaunes, au prix de 25 millions d'euros.
Plus sévère, le réseau BARNES, qui compare l'attrait des grandes métropoles entre elles dans le monde, relève que « Paris a trébuché avec la crise des gilets jaunes. Les images qui ont tourné en boucle sur les chaînes d'information internationales en décembre 2018 ont terni la cote d'amour que la capitale française avait retrouvé auprès de la clientèle très fortunée. » Barnes comme Coldwell Banker font état de visites ou de promesses de ventes annulées dans la période.
En dépit des tensions sociales, le marché du luxe français se porte toujours bien. « Paris reste une ville très attractive pour les investisseurs, rapporte une étude du CBRE. L'offre de biens de qualité fait face à une demande toujours plus importante. »
Dans la capitale, l'immobilier de prestige, à l'achat comme à la location, profite du grand retour des non-résidents, en particulier, sous l'effet du Brexit , des Français et des Européens de Londres. « Le Brexit a eu un effet significatif sur le marché parisien et sur la proche couronne ouest, confirme Féau. Les acquisitions de Français en provenance de Londres, liées au rapatriement de leurs bureaux à Paris ont représenté une part croissance de nos ventes. »
La majorité de ces Brexiters ont acheté des biens entre 1,5 et 3 millions d'euros pour loger leur famille, à Paris intra-muros ou à Neuilly-sur-Seine, à proximité des écoles réputées. Même tendance identifiée par Emile Garcin, « le Brexit soutient à la fois la demande pour des résidences principales ou secondaires, dans le cadre du retour d'anciens expatriés ». Leurs budgets sont importants, de l'ordre de 4 à 9 millions d'euros.
Les biens vendus à plus de 1,5 million d'euros - le gros du marché résidentiel haut de gamme - sont pour l'essentiel, d'après le CBRE, localisés dans les arrondissements du centre et de l'ouest parisien. Parmi eux, le XVIe revient à la mode. « Délaissé ces dernières années, souligne Thibault de Saint Vincent, président de BARNES, il attire à nouveau les familles, car le rapport qualité/prix y est devenu très intéressant. De plus, l'arrondissement comprend la plus forte concentration de grands appartements familiaux de plus de 200 m². »
Mais, ce qui séduit de plus en plus les acheteurs, c'est le coeur historique de la capitale et des quartiers vivants et commerçants. « Le paradoxe, s'amuse Laurent Demeure, c'est que plus Paris devient une mégalopole mondiale, plus nos clients recherchent une vie de village. » A côté de zones déjà parmi les plus chères de Paris (le Ier, le quartier du Marais, à cheval sur le IIIème et le IVème, et le très beau IXème), « les principales opportunités, estime Emile Garcin, « se trouvent dans des lieux « tendance », notamment South Pigalle ou le Haut Marais. »
En vogue également, les Xème et XIème, pour lesquels plusieurs réseaux du luxe font état d'une demande croissante. « Nouvel arrondissement branché, le XIème, de l'autre côté de la place de la République, relève Sotheby's International Realty France - Monaco, a vu arriver un flux d'acheteurs surtout des jeunes français attirés par des prix plus abordables que dans le IV ème, par des espaces atypiques comme des lofts industriels et par des surfaces plus grandes. »
De même, BARNES, observe que le Xème, notamment le quartier Hauteville Paradis, bénéficie d'un nouvel attrait. « Le prix moyen y franchit allègrement la barre des 10.000 euros le m². Bastille, République, Daumesnil, à la fois proche du Marais et du bois de Vincennes, sont appréciés des familles de cadres avec enfants. »
Par rapport à ses rivales anglo-saxonnes, Londres et New-York, la capitale manque encore de biens immobiliers dotés de prestations haut de gamme. La sécurité (gardien, système de surveillance), les services de conciergerie, très appréciés de la clientèle fortunée, sont encore insuffisamment développés.
© Les Echos Patrimoine - publié sur Barnes International le 30/01/2019
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